N’ayons crainte d’affirmer que le vestiaire des Prédateurs de Laval n’a certainement jamais reçu autant de caméras qu’au passage de l’équipe cinématographique, aujourd’hui.
Lors d’une visite du plateau, une poignée de membres des médias a assisté à ce qui devrait être l’une des scènes initiales du long-métrage, alors que Steve Guibord (Patrick Huard) fait face à une horde de journalistes micro au poing, menée par Stéphanie Caron-Lavallée (Sonia Cordeau). Il doit alors s’exprimer sur ses intentions d’appuyer ou non le gouvernement qui tiendra un vote sur l’entrée possible du pays en guerre.
À titre de député indépendant de Prescott-Makadew-à-Rapides-aux-Outardes, «Ne cherchez pas ce comté sur aucune carte du Québec», dixit le réalisateur et scénariste, Steve Guibord possède la balance du pouvoir. Sa décision pèsera lourd, ce qui le poussera à parcourir sa circonscription pour consulter ses électeurs. La tournée menacera de dérailler alors que défilent les groupes de pression.
On a également filmé quelques flash-backs remontant à 1991 sur la glace du Colisée. Précédemment, le tournage s’était déplacé à Ottawa, au Mont-Tremblant et à Val-d’Or, l’univers autochtone étant l’un des aspects du film.
Parfum d’Haïti
Il ne restera qu’une petite scène pour vraiment coffrer le tout, ce qui demandera trois jours de repérage et un court tournage en Haïti, d’où vient l’un des personnages principaux, un stagiaire idéaliste appelé Souverain (Irdens Exantus), qui deviendra l’assistant du député.
«Le public va découvrir un talent et un charisme extraordinaires», d’affirmer Patrick Huard.
«C’est un gars perfectionniste qui est comique sans s’en rendre compte», de poursuivre Irdens Exantus, parlant de son personnage, lui qui a participé à trois auditions, ses premières en carrière, pour mériter ce rôle.
«Depuis mes débuts, avec Pâté chinois, puis dans Monsieur Lazhar, La moitié gauche du frigo et d’autres, les immigrants et les communautés culturelles ont toujours fait partie de mon univers, tout comme ils font partie de la réalité», d’observer Philippe Falardeau.
Comédie audacieuse
Le réalisateur de Congorama ne cache pas que l’écriture du scénario a été difficile et qu’il a beaucoup douté, même après quatre ans de travail. Il a remercié sa compagne et son producteur, Luc Déry, pour leur soutien, admettant aussi que les appuis de son ingénieur de son et ami de longue date, Sylvain Bellemare, ainsi que Patrick Huard, ont emporté ses dernières réticences.
«C’est beaucoup plus difficile d’écrire une comédie, exprime-t-il. C’est un humour de regard et de situation, basé sur les contrastes et un couple (Huard-Exantus) à la relation improbable.»
«Ce n’est pas intellectuel, ça reste axé sur les rapports humains, on suit des personnages, pas des idées, de continuer Patrick Huard. Steve Guibord est un politicien chaleureux, un peu maladroit. On voit que Philippe (Falardeau) est un gars ultrasensible.»
Autant l’acteur, lui-même réalisateur à ses heures, que celui qui l’a dirigé abondent dans le même sens: Il s’agit du plus beau tournage de leur vie.
«Et je vous défie de repérer les comédiens olympiens (Robin Aubert, Micheline Lanctôt, Alexis Martin, Paul Ahmarani) qui ont accepté des petits rôles», de lancer un Philippe Falardeau visiblement satisfait et heureux de cette fin de tournage.