Il s’était passé six ans entre son premier et second opus. Pour ce troisième spectacle solo, il n’était pas question d’attendre aussi longtemps. Dès la fin de sa précédente tournée, en mars 2012, Mike Ward a exigé de son producteur qu’il lui programme une tournée des bars, annonçant «45 minutes de nouveau matériel».
Dans une trentaine d’endroits, il a improvisé, écrivant directement ses numéros sur scène, au fil de ses élucubrations.
«Quand je tombais sur un malaise, je m’arrêtais, en me demandant les raisons de celui-ci, et plutôt que de scrapper l’affaire, je développais plus encore pour amplifier l’effet, comme dans le cas des enfants autistes, raconte l’humoriste. Pourquoi ça crée autant de malaise de parler de ça? C’est sûr que c’est peut-être parce que pas mal tout le monde en connaît un près de lui. Pourtant, de rire des trisomiques, ça passe sans problème.»
Il l’avoue sans ambages: cet exercice sans filet a été dur humainement parlant. «Chaque soir, je me mettais tout le temps en danger. Heureusement que je n’ai pas d’égo.»
Bref survol
Pour Mike Ward, il est futile d’affirmer qu’aucun thème n’est défendu. Tout est dans la manière d’aborder le sujet. Il s’enquiert toujours des tabous de chaque ville et pays qu’il visite. Après tout, il a fait rire les Berlinois en parlant d’Hitler.
«Moi, les gags racistes ou homophobes, ça ne me fait pas rire, dit-il. Mais il y a moyen de faire de l’humour avec le racisme et l’homophobie, pourvu que ce ne soit pas haineux.»
D’ailleurs, les gens qui prennent son humour au premier degré et lui envoient des mises en demeure, quand ce ne sont pas carrément des manifestations à son endroit, ont leur moment de gloire dans le spectacle.
Également, il ne cachera pas non plus son amour de l’alcool qu’il aime boire. «J’ai 41 ans et on dirait que je viens d’apprendre à boire, mentionne-t-il. Je ne tolère pas le fort. Pourtant, j’engouffrais les shooters et tombais en black-out. Là, je bois plus intelligemment et tout le temps!»
Brut amélioré
On retrouve la simplicité du processus de création dans tout ce qui fait Chien, quoique rehaussé par la mise en scène et la scénographie de Daniel Fortin, celui-là même qui avait apporté pareille contribution à Mike Ward s’eXpose.
«Il a une très grande qualité, c’est de prendre mon style brut et de lui donner de la classe, souligne Mike Ward. Je lui donne carte blanche.»
«Mike, lui, ne déçoit pas. Il est ce qu’il promet: un artiste intelligent et intègre qui ose choquer, surprendre et toujours faire rire», fait savoir pour sa part Daniel Fortin par voie de communiqué.
C’est lui qui a imaginé la muselière de l’affiche, ainsi que la cage transformable qui fait office de décor. L’humoriste originaire de Québec en a maintenant pour deux ans à tourner un peu partout au Québec, quand il ne sera pas de retour à l’animation de Ce show… , l’émission qu’il anime à Musique Plus.
«J’aime faire découvrir de nouveaux talents qui n’ont jamais fait de télé, dit-il. De plus, je dois écrire quatre nouveaux numéros chaque semaine. Ça me garde allumé humoristiquement.»
Mike Ward présente son spectacle «Chien», du 20 au 22 novembre, et les 20, 21 février 2015, à 20h, à la Salle André-Mathieu (475, boulevard de l’Avenir). Information: 450 667-2040.