Les élus du parti au pouvoir ont jugé plus opportun de reporter le tout jusqu’à ce que le «comité d’experts» mandaté dépose son rapport et ses recommandations quant aux moyens à privilégier pour réduire la consommation d’aliments sucrés sur tout le territoire.
En retard
«Vous êtes en retard», a lancé le maire Marc Demers aux représentants de Coalition Poids, de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et du Groupe Promo-Santé Laval venus appuyer la proposition du conseiller de l’opposition officielle, Claude Larochelle, de revoir et mettre à jour le cadre de l’offre alimentaire de la Ville.
«Je suis un peu surpris que vous soyez tous sollicités ou qu’on en fasse un enjeu politique parce que les objectifs sont clairs depuis deux ans», a-t-il enchaîné en évoquant, entre autres, ce mandat confié au Comité intersectoriel sur le développement des jeunes enfants et l’adoption de saines habitudes de vie.
Réaffirmant sa volonté d’améliorer l’offre alimentaire municipale, le maire a insisté sur l’importance de bien faire les choses.
«Les experts le disent: un verre de jus d’orange contient autant de sucre qu’une boisson gazeuse. Allons-nous bannir tous les jus de fruit dans les arénas ou ailleurs?» a-t-il questionné tout en refusant de se substituer aux spécialistes en la matière qui devraient normalement remettre leur rapport d’ici la fin de l’année.
Machines distributrices santé
Vers la fin de la séance du conseil municipal, Nicholas Borne, un élu de l’équipe du maire, a rappelé qu’en 2016, la Ville avait conclu un partenariat avec l’organisme Groupe Promo-Santé Laval afin d’installer des «machines distributrices santé» en certains milieux municipaux dont dans huit arénas.
«La Ville souhaite élargir dans l’avenir le projet à l’ensemble des établissements municipaux», a-t-il indiqué en saluant le succès de cette démarche dont la poursuite est assurée par l’octroi d’une subvention de 20 000 $.
Cela dit, le directeur général de Groupe Promo-Santé Laval, Charles-Émile Desgagnés-Cyr, souhaiterait que cette «démarche s’inscrive dans une réflexion pour une politique alimentaire globale», ce qui permettrait d’éviter par exemple une offre de malbouffe et de boissons sucrées dans les concessions alimentaires voisinant avec ces machines distributrices d’aliments et breuvages sains.
Rendez-vous manqué
«Laval manque une occasion de réduire son impact sur la santé des citoyens et l’environnement.»
Voilà le titre qui coiffait le communiqué publié le lendemain par la Coalition québécoise sur la problématique du poids, une organisation réunissant plus de 430 partenaires dont la Ville de Laval qui visent l’adoption de politiques publiques à l’égard des problèmes reliés au poids.
«Hier soir, l’opportunité n’a malheureusement pas été saisie par Laval, mais il y aura d’autres occasions de le faire», a commenté sa directrice Corinne Voyer. Celle-ci se dit d’ailleurs convaincue que l’idée de retirer les boissons sucrées «trouvera un écho favorable au sein des recommandations du comité porteur devant se pencher sur l’offre alimentaire municipale».
Selon le conseiller Borne, une politique alimentaire municipale serait proposée et mise en place dès 2019 après son adoption au conseil municipal.
«2019, c’est très, très loin pour agir positivement pour le bien-être de nos enfants», a réagi M. Larochelle avant de voter contre la proposition de Nicholas Borne de surseoir au débat.
Ligne de parti et mépris
Dans cette histoire, l’opposition officielle reproche au maire Demers de ne pas avoir su s’élever au-delà de la partisannerie politique en imposant «la ligne de parti» à ses membres qui ont voté en bloc pour le report de la proposition, et ce, malgré qu’elle ralliait des «organisations qui documentent les effets néfastes du sucre sur la santé depuis des dizaines d’années au Québec».
Par ailleurs, le chef de l’opposition, Michel Trottier, a dénoncé le «mépris» affiché par Marc Demers envers les spécialistes venus appuyer la proposition lorsqu’il a affirmé que ceux-ci étaient «en retard de deux ans sur l’enjeu du cadre alimentaire et des boissons sucrées» à Laval.
M. Trottier va encore plus loin: «Le maire a erré en affirmant qu’un comité planchait actuellement sur la révision du cadre alimentaire de la Ville, écrit-il dans un courriel adressé au Courrier Laval hier après-midi. Suite à des discussions avec les acteurs de la santé [à la Ville comme au Centre intégré de la santé et des services sociaux], il n’y a actuellement aucun comité de travail en action à ce sujet. Plutôt que de prendre le parti de la santé des citoyens, il a choisi la partisannerie contre-productive en s’opposant à la proposition du conseiller de Parti Laval-Équipe Michel Trottier.»
Deux versions
M. Trottier va encore plus loin: «Le maire a erré en affirmant qu’un comité planchait actuellement sur la révision du cadre alimentaire de la Ville, écrit-il dans un courriel adressé au Courrier Laval hier après-midi. Suite à des discussions avec les acteurs de la santé [à la Ville comme au Centre intégré de la santé et des services sociaux (CISSS)], il n’y a actuellement aucun comité de travail en action à ce sujet. Plutôt que de prendre le parti de la santé des citoyens, il a choisi la partisannerie contre-productive en s’opposant à la proposition du conseiller de Parti Laval-Équipe Michel Trottier.»
Affirmation démentie par Sarah Bensadoun, porte-parole au Service des communications de la Ville: «La future politique alimentaire est en cours de planification et on prévoit son déploiement au cours de l’année 2019.»
Elle ajoute que le Comité intersectoriel, créé il y a 11 ans par la Ville et le CISSS, en est à son 3e plan d’action et que l’ensemble des 15 partenaires qu’il regroupe attaque actuellement de front les 15 objectifs du plan 2017-2020.
Vérification faite, l’objectif no 11 prévoit «poursuivre le projet de machines distributrices» d’ici 2019, «évaluer les possibilités de revoir le Cadre de l’offre alimentaire de la ville de Laval» et «s’il y a lieu, participer à la mise à jour, à l’élaboration et à la mise en oeuvre d’une politique alimentaire municipale» avec comme échéancier 2020.
À lire aussi: Mobilisation pour le retrait des boissons sucrées dans les édifices municipaux
Les élus du parti au pouvoir ont jugé plus opportun de reporter le tout jusqu’à ce que le «comité d’experts» mandaté dépose son rapport et ses recommandations quant aux moyens à privilégier pour réduire la consommation d’aliments sucrés sur tout le territoire.
En retard
«Vous êtes en retard», a lancé le maire Marc Demers aux représentants de Coalition Poids, de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et du Groupe Promo-Santé Laval venus appuyer la proposition du conseiller de l’opposition officielle, Claude Larochelle, de revoir et mettre à jour le cadre de l’offre alimentaire de la Ville.
Claude Larochelle, conseiller de Parti Laval et de l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville. ©Photo – Photo 2M.Media – Mario Beauregard
«Je suis un peu surpris que vous soyez tous sollicités ou qu’on en fasse un enjeu politique parce que les objectifs sont clairs depuis deux ans», a-t-il enchaîné en évoquant, entre autres, ce mandat confié au Comité intersectoriel sur le développement des jeunes enfants et l’adoption de saines habitudes de vie.
Réaffirmant sa volonté d’améliorer l’offre alimentaire municipale, le maire a insisté sur l’importance de bien faire les choses.
«Les experts le disent: un verre de jus d’orange contient autant de sucre qu’une boisson gazeuse. Allons-nous bannir tous les jus de fruit dans les arénas ou ailleurs?» a-t-il questionné tout en refusant de se substituer aux spécialistes en la matière qui devraient normalement remettre leur rapport d’ici la fin de l’année.
Machines distributrices santé
Vers la fin de la séance du conseil municipal, Nicholas Borne, un élu de l’équipe du maire, a rappelé qu’en 2016, la Ville avait conclu un partenariat avec l’organisme Groupe Promo-Santé Laval afin d’installer des «machines distributrices santé» en certains milieux municipaux dont dans huit arénas.
Nicholas Borne, conseiller municipal du parti au pouvoir, le Mouvement lavallois. ©Photo – Photo 2M.Media – Mario Beauregard
«La Ville souhaite élargir dans l’avenir le projet à l’ensemble des établissements municipaux», a-t-il indiqué en saluant le succès de cette démarche dont la poursuite est assurée par l’octroi d’une subvention de 20 000 $.
Cela dit, le directeur général de Groupe Promo-Santé Laval, Charles-Émile Desgagnés-Cyr, souhaiterait que cette «démarche s’inscrive dans une réflexion pour une politique alimentaire globale», ce qui permettrait d’éviter par exemple une offre de malbouffe et de boissons sucrées dans les concessions alimentaires voisinant avec ces machines distributrices d’aliments et breuvages sains.
Rendez-vous manqué
«Laval manque une occasion de réduire son impact sur la santé des citoyens et l’environnement.»
Voilà le titre qui coiffait le communiqué publié le lendemain par la Coalition québécoise sur la problématique du poids, une organisation réunissant plus de 430 partenaires dont la Ville de Laval qui visent l’adoption de politiques publiques à l’égard des problèmes reliés au poids.
«Hier soir, l’opportunité n’a malheureusement pas été saisie par Laval, mais il y aura d’autres occasions de le faire», a commenté sa directrice Corinne Voyer. Celle-ci se dit d’ailleurs convaincue que l’idée de retirer les boissons sucrées «trouvera un écho favorable au sein des recommandations du comité porteur devant se pencher sur l’offre alimentaire municipale».
Selon le conseiller Borne, une politique alimentaire municipale serait proposée et mise en place dès 2019 après son adoption au conseil municipal.
«2019, c’est très, très loin pour agir positivement pour le bien-être de nos enfants», a réagi M. Larochelle avant de voter contre la proposition de Nicholas Borne de surseoir au débat.
Ligne de parti et mépris
Dans cette histoire, l’opposition officielle reproche au maire Demers de ne pas avoir su s’élever au-delà de la partisannerie politique en imposant «la ligne de parti» à ses membres qui ont voté en bloc pour le report de la proposition, et ce, malgré qu’elle ralliait des «organisations qui documentent les effets néfastes du sucre sur la santé depuis des dizaines d’années au Québec».
Par ailleurs, le chef de l’opposition, Michel Trottier, a dénoncé le «mépris» affiché par Marc Demers envers les spécialistes venus appuyer la proposition lorsqu’il a affirmé que ceux-ci étaient «en retard de deux ans sur l’enjeu du cadre alimentaire et des boissons sucrées» à Laval.
Michel Trottier, chef de Parti Laval et leader d’opposition. ©Photo – Photo TC Media – Mario Beauregard – Archives
M. Trottier va encore plus loin: «Le maire a erré en affirmant qu’un comité planchait actuellement sur la révision du cadre alimentaire de la Ville, écrit-il dans un courriel adressé au Courrier Laval hier après-midi. Suite à des discussions avec les acteurs de la santé [à la Ville comme au Centre intégré de la santé et des services sociaux], il n’y a actuellement aucun comité de travail en action à ce sujet. Plutôt que de prendre le parti de la santé des citoyens, il a choisi la partisannerie contre-productive en s’opposant à la proposition du conseiller de Parti Laval-Équipe Michel Trottier.»
Deux versions
M. Trottier va encore plus loin: «Le maire a erré en affirmant qu’un comité planchait actuellement sur la révision du cadre alimentaire de la Ville, écrit-il dans un courriel adressé au Courrier Laval hier après-midi. Suite à des discussions avec les acteurs de la santé [à la Ville comme au Centre intégré de la santé et des services sociaux (CISSS)], il n’y a actuellement aucun comité de travail en action à ce sujet. Plutôt que de prendre le parti de la santé des citoyens, il a choisi la partisannerie contre-productive en s’opposant à la proposition du conseiller de Parti Laval-Équipe Michel Trottier.»
Affirmation démentie par Sarah Bensadoun, porte-parole au Service des communications de la Ville: «La future politique alimentaire est en cours de planification et on prévoit son déploiement au cours de l’année 2019.»
Elle ajoute que le Comité intersectoriel, créé il y a 11 ans par la Ville et le CISSS, en est à son 3e plan d’action et que l’ensemble des 15 partenaires qu’il regroupe attaque actuellement de front les 15 objectifs du plan 2017-2020.
Vérification faite, l’objectif no 11 prévoit «poursuivre le projet de machines distributrices» d’ici 2019, «évaluer les possibilités de revoir le Cadre de l’offre alimentaire de la ville de Laval» et «s’il y a lieu, participer à la mise à jour, à l’élaboration et à la mise en oeuvre d’une politique alimentaire municipale» avec comme échéancier 2020.
À lire aussi: Mobilisation pour le retrait des boissons sucrées dans les édifices municipaux