Au plus bas étage de l’école Alphonse-Desjardins s’est organisée une friperie tenue par nuls autres que les élèves eux-mêmes.
L’école Alphonse-Desjardins est spécialisée pour les élèves de 12 à 21 ans vivant avec une déficience intellectuelle et dans la plupart des cas un trouble du spectre de l’autisme.
La friperie qui existait déjà avant la pandémie dans un local de l’école secondaire voisine a rouvert ses portes en mars, directement entre les murs de l’école. Elle accueille les intervenantes, parents et même d’autres élèves.
Premiers pas vers le travail
En entrant dans l’école, certaines choses sautent aux yeux; de la capacité réduite des classes qui accueillent entre cinq à huit élèves, à leur disposition atypique en passant par les différents pictogrammes recouvrant les murs; plusieurs choses sortent de l’ordinaire.
En plus de fournir des apprentissages académiques, l’école tente aussi d’offrir le plus possible des occasions d’apprentissage applicables dans la vraie vie. Ces activités nommées stage permettent de recréer des tâches réelles à l’école.
C’est ainsi que les élèves participant à la friperie peuvent exercer toutes sortes de tâches avec l’accompagnement de l’enseignante France Godin et l’éducatrice Ariane Rousseau.
Étiqueter, plier, ranger les vêtements, «ils pourraient éventuellement faire des travaux comme ça, explique France Godin. Notre but est vraiment de leur montrer à faire correctement le travail, pour qu’éventuellement […] peut-être qu’à 21 ans, ils puissent aller travailler dans une friperie ou un Mcdo.»
La friperie est réservée aux élèves de 16 ans et plus, puisqu’ils approchent la fin de leur parcours scolaire. Selon l’enseignante, il est important de varier les activités pour garder les élèves stimulés.
Gros défis
Selon elle, le plus gros obstacle, «est au haut niveau des habiletés sociales». Dire bonjour, regarder dans les yeux sont des défis pour les personnes autistes.
La petite boutique est tapissée de pictogrammes de la marche à suivre pour accrocher les vêtements, préciser des différences entre les types vêtements, etc.
«Souvent on va faire quelque chose en se disant, y’aura pas de problèmes, il va être capable. Et [finalement] non, parce qu’il y a une petite affaire à laquelle on n’avait pas pensé», relate Mme Godin.
Au fil des mois, plusieurs nouveaux pictogrammes sont apparus. L’enseignante compte en faire un nouveau pour expliquer la séquence à la caisse. «Éventuellement, le but, c’est qu’il puisse le faire tout seul».
Parfois, les élèves d’une école dédiée aux nouveaux arrivants viennent faire un tour à la friperie. Ceux-ci peuvent exercer leur français et les élèves d’Alphonse-Desjardins leurs habiletés sociales. «Ils sont vraiment comme des vrais clients, mais c’est le fun parce que ça les met dans le bain».