Le monde de la robotique conserve des idées préconçues selon lesquelles les jeunes garçons sont les seuls à s’y intéresser. Un enseignant lavallois tente toutefois de changer cette perception en offrant un programme de robotique dans des classes composées uniquement de jeunes filles.
Joseph El-Helou enseigne au Collège Saint-Marcelline, situé à Montréal. Il s’agit d’un établissement qui accueille une clientèle mixte aux niveaux préscolaire et primaire, mais seulement des filles au secondaire.
Il a lancé le premier programme de robotique de l’école, il y a maintenant 11 ans.
«Ç’a commencé avec des compétitions de sciences que nous faisions évaluer, explique le résident de Fabreville. En parlant avec des juges, ils m’ont dit que ce que nous faisions se rapprochait beaucoup de la robotique et que nous devrions essayer cela. On a eu immédiatement beaucoup de filles qui ont embarqué.»
Au fil des années, celles-ci se sont créé une réputation en devenant l’une des meilleures écoles du Québec dans les différentes épreuves auxquelles elles prennent part. Selon M. El-Helou, le fait qu’elles soient des filles y est pour beaucoup.
«Elles sont super organisées et dédiées à la tâche, précise-t-il. Elles ont la volonté de bien faire les choses. Le dogme que les filles ne sont pas capables aide aussi. Elles prennent cela encore plus à cœur et n’acceptent pas qu’on leur dise ça. C’est un moteur qui les pousse à se dépasser.»
L’organisation et les nombreux investissements du Collège Sainte-Marcelline dans le programme sont les deux autres facteurs expliquant le succès, estime l’enseignant lavallois.
Finale mondiale
Les élèves du Collège Sainte-Marcelline participent à deux types de compétition, nommées VEX Robotics et Robotique CRC.
En mars, elles ont remporté le prix de l’Innovation et le Championnat des habiletés de la finale provinciale de VEX Robotics, qui se déroulait à Terrebonne. Le robot créé devait amasser des points en déplaçant des objets dans différentes zones de jeu plus rapidement que celui de l’équipe adverse.
Cette performance leur a permis de se qualifier pour la finale mondiale qui aura lieu au début du mois de mai à Dallas, au Texas.
«Elles sont super excitées de participer à la finale mondiale, assure Joseph El-Helou. Elles travaillent sur cette compétition depuis avril 2021. Elles sont passées à travers des phases de planification, de conception et de modification. Elles ont travaillé sur leur robot durant l’été et lors de fins de semaine. Elles y mettent beaucoup de temps et d’efforts.»
Selon lui, rien n’empêche ses jeunes protégées de remporter l’épreuve qui regroupera près d’un millier d’équipes de partout dans le monde.
Quant à l’épreuve provinciale de Robotique CRC, elle avait lieu du 28 au 30 avril à l’école Curé-Antoine-Labelle, dans Sainte-Rose. Différentes épreuves de robotique y étaient présentées. La principale impliquait des balles de golf et des stations à réparées à l’aide du robot créé pour l’occasion.
Apprentissage
Pour Joseph El-Helou, la robotique va au-delà des compétitions et de la création de robot. Il voit plutôt cette discipline comme un outil d’apprentissage.
«Ces compétitions multidisciplinaires apportent beaucoup aux élèves, assure-t-il. Elles communiquent, planifient, échouent et réussissent ensemble. En échouant, elles comprennent que c’est à travers les épreuves qu’elles peuvent devenir meilleures.»
Le Lavallois y voit ainsi un potentiel plus grand pour former les jeunes que les habituels travaux écrits qui prennent quelques heures à faire.
«Souvent, on prend beaucoup de choses pour acquis, poursuit-il. On forme les équipes et on s’attend à ce qu’elles vont savoir quoi faire immédiatement, mais non. Il faut apprendre à travailler comme ça et passer à travers une telle expérience. On doit vivre des situations en équipe pour devenir un bon joueur d’équipe.»
Laval
Il y a 15 ans, M. El-Helou est arrivé du Liban avec sa famille afin de s’implanter à Laval. Il assure qu’il s’agit de la meilleure décision qu’il a prise.
«C’est une région super belle et tranquille, note-t-il. Tu peux tout faire à Laval: vivre tranquillement, voir de l’action, découvrir la culture, sortir en famille, ouvrir un commerce et bien d’autres. C’est une région qui explose et, en plus, offre une proximité précieuse avec Montréal.»