L’Institut national de la recherche scientifique (INRS) a célébré, le 10 mars, le premier anniversaire de son laboratoire de niveau de confinement 3 (NC3) ayant été aménagé au quartier général du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie, boulevard des Prairies.
Celui-ci avait été ouvert en marge de la pandémie de la COVID-19. L’objectif était de permettre aux scientifiques de l’INRS de travailler avec le SARS-CoV-2, une tâche s’avérant impossible avec des laboratoires de niveau de confinement 2.
«Ce type d’infrastructure existait déjà pour travailler avec le VIH, mais les institutions n’ont pas investi pour les maintenir à ce niveau, précise le Laurent Chatel-Chaix qui dirige le laboratoire NC3. Si nous n’avions pas ce laboratoire, il faudrait trouver une façon détournée de travailler avec le virus.»
À titre d’exemple, le professeur Chatel-Chaix note la possibilité de travailler avec un autre coronavirus qui cause le rhume. Comme les deux souches se ressemblent, leur réaction à des tests pourrait être jugée similaire, «mais il n’y aurait aucune façon de le vérifier» sans faire les tests avec le pathogène SARS-CoV-2.
Travaux
Les travaux et recherches réalisés par l’équipe de l’INRS dans ce nouveau laboratoire n’ont pas été publiés pour l’instant. Le professeur Chatel-Chaix soutient toutefois que plusieurs projets sont en cours.
«Nous travaillons notamment sur un projet visant à identifier des médicaments déjà sur le marché qui pourraient être utilisés contre la COVID-19, affirme-t-il. On regarde des combinaisons. Il y a aussi un projet qui cherche à déterminer l’impact d’une infection par le SARS-CoV-2 sur les fonctions du placenta.»
Même si la COVID-19 est au cœur de la création du laboratoire NC3, il ne s’agit pas du seul virus étudié par l’équipe. Le virus du Nil occidental y est également analysé.
«Ce virus m’intéresse, puisque c’est mon expertise, assure M. Chatel-Chaix. C’est un pathogène de niveau 3, donc je ne pouvais pas l’étudier convenablement sans cette infrastructure. En apprendre davantage sur celui-ci pourrait être pertinent pour le Québec et le Canada.»
Sécurité
Pour permettre l’ouverture de ce laboratoire NC3 il y a un an, plusieurs protocoles ont été mis en place. Ceux-ci avaient pour but d’assurer la sécurité des utilisateurs, mais aussi d’éviter une future faille qui pourrait permettre à un pathogène de sortir des installations.
Anaïs Anton, agente de recherche et co-superviseure du laboratoire lavallois, fait partie de l’équipe qui a travaillé sur ces mêmes protocoles. Elle note que toute personne souhaitant travailler dans le laboratoire doit d’abord lire le manuel de travail complet, puis apprendre la procédure du port de l’équipement de sécurité.
«Après cela, la personne est généralement autorisée à regarder un membre de l’équipe qui fait des expériences, car il y a quand même plusieurs différences entre les protocoles des laboratoires NC2 et NC3, ajoute-t-elle. La personne pourra ensuite commencer à faire des expériences en étant supervisée, puis elle sera évaluée par plusieurs experts, dont le professeur responsable et l’agente de sécurité, pour avoir sa certification.»
Mme Anton s’occupe aussi de la réception des pathogènes. Elle explique que les membres du laboratoire doivent se rendre directement au poste de réception des marchandises et inspecter le colis eux-mêmes. Ils le transportent ensuite jusqu’à l’intérieur du NC3, puis le déballe lorsque la zone est sécurisée.
Futur
Selon le professeur Chatel-Chaix, la pandémie aura permis de rappeler l’importance de maintenir les laboratoires NC3 à niveau. Il croit qu’ainsi, la réponse des scientifiques québécois pourra être plus rapide s’il y a apparition d’un futur virus.
«On veut développer notre champ d’activités et être au premier-plan de la recherche biomédicale. La plupart des scientifiques de la province étaient limités dans leur capacité à tester ces dernières années. Ça ne devrait plus être le cas», conclut-il.