C’est à la tête d’un nouveau parti que l’ex-conseiller municipal Pierre Anthian replonge dans l’arène politique à un peu plus de quatre mois du grand rendez-vous électoral du dimanche 7 novembre.
Chef du parti Ma Ville Maintenant (MVM), le 6e candidat à se lancer à la mairie de Laval dit vouloir combler «le vide politique» sur la scène municipale.
Au printemps, à la suite du départ annoncé du maire Marc Demers au terme du présent mandat, l’ex-élu de Laval-des-Rapides espérait l’arrivée de «candidats d’envergure avec un leadership et des propositions audacieuses et fortes».
«Malheureusement, force est d’admettre que ce seront encore les mêmes qui se présenteront à Laval», constate celui qui affirme avoir décliné ces derniers mois les offres des trois partis d’opposition représentés à l’hôtel de ville de rejoindre leurs rangs, à savoir Parti Laval, Action Laval et Laval Citoyens.
Adressée la semaine dernière au bureau d’Élections Québec, sa demande d’autorisation pour un parti politique municipal est toujours en cours d’analyse.
Coup de barre
Rappelant que «la Terre entière traverse sa pire triple crise climatique, sanitaire et économique de son Histoire», Pierre Anthian est d’avis qu’un coup de barre est plus nécessaire que jamais.
Il ne veut pas courir «le risque d’avoir encore des propositions timides, doublées de stratégies électorales pour obtenir le strict nécessaire sans prendre de risques, pour se faufiler éventuellement devant les autres».
M. Anthian, dont la mesure phare de sa plateforme électorale est l’implantation d’un hôpital pour enfants, fera notamment campagne autour de solutions pour lutter contre l’insécurité alimentaire et l’insécurité du logement. En ce sens, il souhaite avant tout «partager les terres [agricoles remembrées] et la richesse [foncière]» avec la population qui a contribué à garnir les coffres de la ville.
Partager le pouvoir
Le nouvel aspirant à la mairie s’engage également à «mettre fin à la partisannerie, responsable de l’inertie de nos institutions démocratiques».
À cet égard, il ne présentera aucun candidat dans les districts de Fabreville et Chomedey dont il souhaite la réélection des conseillers sortant Claude Larochelle (Parti Laval) et Aglaia Revelakis (Action Laval). Dans une administration Anthian, ces deux élus – qu’il a côtoyés ces dernières années – seraient d’ailleurs «automatiquement» invités à rejoindre son comité exécutif. Le prétendant maire trouverait également une place pour un élu de chacune des autres formations représentées au conseil municipal, quitte à les nommer à des postes de membre associé. Pour lui, le temps est venu d’amener la politique ailleurs: la pluralité des partis doit être représentée en haut lieu et les meilleures propositions, d’où qu’elles viennent, doivent être évaluer à leur mérite.
«On n’a plus le choix; on n’en est plus au chacun pour soi et à faire des petites stratégies politiques. On doit se donner la main», fait-il valoir, jugeant contre-productif le système actuel de la chasse-gardée du parti au pouvoir.
Il en veut pour preuve le pouvoir 100 % concentré entre les mains du Mouvement lavallois, alors qu’aux dernières élections 54 % des électeurs avaient voté à la mairie pour une autre formation politique, voire d’autres idées et propositions, dit-il.
Budget modeste
Pierre Anthian, qui espère recruter 19 candidats ces prochaines semaines, disposera de moyens pour le moins modestes, lui qui entend faire campagne avec un budget de 25 000 $. Cela représente quelque 10 % de la limite des dépenses électorales autorisées par formation politique à Laval.
«Mon objectif est de vendre 1000 cartes de membre à 25 $», confie celui qui mènera une campagne exempte d’affiches électorales. «Je ne peux pas croire qu’au 21e siècle, on joue encore à magasiner notre maire sur une pancarte comme on magasine une pointe de pizza, des assurances ou une destination soleil», se désole celui qui s’en remettra aux médias sociaux et traditionnels pour faire connaître son parti et son programme.
Parcours
Très présents sur les réseaux sociaux dont Facebook, Pierre Anthian l’est tout autant aux séances du conseil municipal auxquelles il participe activement et de façon systématique depuis 8 ans, dont les 43 dernières assemblées à titre de simple citoyen.
En foi de quoi, sa défaite électorale par quelque 160 voix aux mains d’Isabella Tassoni en 2017 n’a affecté en rien son intérêt pour la chose municipale.
Ex-conseiller de Laval-des-Rapides, M. Anthian avait été le premier élu du Mouvement lavallois à faire défection moins d’un an après son élection de 2013. Après avoir siégé comme indépendant, il avait pris part à la création de Parti Laval – Équipe Michel Trottier sous la bannière duquel il s’est présenté aux dernières élections.
Puis, en 2018, dans la foulée de la crise politique provoquée par le départ subit de 10 des 19 conseillers élus du Mouvement lavallois – dont la moitié allait revenir au bercail quelque mois plus tard –, Pierre Anthian s’était rapproché de Mme Tassoni, devenant son attaché politique.
À l’hiver 2020, il rompait ses liens professionnels avec l’élue d’Action Laval, alors que celle-ci faisait l’objet d’une enquête administrative à la Commission municipale du Québec (CMQ) en vertu de la Loi sur l’éthique et la déontologie en lien avec sa Déclaration d’intérêts pécuniaires. Trois mois plus tard, le tribunal administratif de la CMQ fermait le dossier sans porter d’accusation.