Originaire d’Abitibi et maintenant Lavalloise, l’écrivaine Claire Bergeron a publié son dernier roman cet été, Mirages sur la Vallée-de-l’Or, un polar romantique sur trame historique. Un neuvième roman en neuf ans.
Celle qui caresse le rêve d’écrire depuis toujours s’est lancée dans l’aventure en 2011, alors retraitée. «On est pris dans le tourbillon de la vie: les enfants, le divorce, le déménagement à Montréal, énumère la romancière. Mais quand tu as un rêve, si tu veux le réaliser, il n’y a pas 50 façons. Il faut partir à sa conquête un petit pas à la fois.»
Son plus récent ouvrage raconte l’histoire d’Agathe, une jeune autochtone abusée dans un pensionnat de la Saskatchewan qui s’enfuit avec son nouveau-né. Après des années de pérégrinations, elle s’installe à Val d’Or, en Abitibi. Mais un meurtre survient et tous les soupçons se tournent vers elle, parce qu’elle est autochtone. L’histoire se passe en 1955, année même où un pensionnat a ouvert ses portes alors que Claire Bergeron n’avait que neuf ans.
«Ma mère et sa sœur religieuse qui enseignait à ce pensionnat trouvaient extraordinaire que le gouvernement prenne ses responsabilités et s’occupe des autochtones», se souvient-elle.
Afin de mieux comprendre cette réalité historique, l’écrivaine s’est déplacée en Abitibi à deux reprises. Invitée par le maire de Saint-Marc-de-Figuery – le village où a été construit le pensionnat- elle a rencontré des témoins de l’époque.
«J’ai recueilli plusieurs témoignages de femmes qui y avaient enseigné et d’un concierge. Certains préféraient se taire, parce que ce n’est pas facile d’en parler», poursuit-elle.
«Je vois ce roman comme une main tendue vers la réconciliation, pour exprimer le respect et l’estime que j’ai envers les autochtones.»
Une fois l’écriture de son roman terminée, la Lavalloise a envoyé une copie à Natacha Rankin Tanguay, une Anishinabe de Pikogan, pour qu’elle lui donne son avis.
«Quand on écrit sur les autochtones, c’est très délicat. On a vu certains artistes qui ont eu de la difficulté, dit la romancière en faisant référence à SLĀV et à Kanata de Robert Lepage qui avaient fait scandale il y a deux ans. Je voulais m’assurer d’éviter de déplaire.»
Puiser dans ses regrets
Dans ce roman, Agathe quitte la Saskatchewan dans l’espoir d’une ville meilleure.
Dans Le crime de Soeur Marie-Hosanna, son huitième roman, une jeune religieuse tente de s’enfuir du monastère.
Et dans Les amants maudits de Spirit Lake, son cinquième roman qui est d’ailleurs en cours de traduction en ukrainien, un frère et une sœur quittent l’Ukraine vers le Canada dans l’espoir de jouir d’une plus grande liberté.
«La libération des femmes, c’est le thème le plus important de mes romans. J’ai connu la période où les femmes n’avaient pas la possibilité de s’instruire comme les hommes, raconte celle qui était infirmière de profession, mais qui aurait aimé être médecin. Ma grand-mère m’a déjà dit ‘‘Mon Dieu, si elle aime ça les docteurs, elle n’a qu’à en marier un!’’», se souvient-elle en riant.
Aujourd’hui retraitée, l’écrivaine passe ses avant-midis à écrire, mais s’octroie une pause durant l’été.
«Je dis toujours que je suis une vieille dame épanouie qui vit seule avec son chat et ses bouquins.»